Bonne année 2021 !

J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année. J’espère surtout qu’elles ont été plus calmes que les miennes car 2020 s’est un peu acharnée sur moi ces dernières semaines. J’ai l’impression qu’elle s’est dit « Hum, ça a été bien trop paisible pour elle cette année, je vais faire un petit rattrapage express ».

Pour résumer, j’ai fini 2020 avec ma grand-mère qui va de moins en moins bien, un décès (le 25) et une grosse peine de cœur (le 26).  Dans ce genre de situation mon cerveau décide de prendre congé le jour mais de fonctionner à plein régime la nuit ce qui donne des journées où je suis incapable de réfléchir, de me concentrer et des nuits passées à regarder le plafond en me posant des questions existentielles comme « Quel est le sens de toute cette merde ? », « Pourquoi Blanquer ? » ou « Puis-je me faire marier par Philippe Poutou même sans habiter à Bordeaux ? ». Une fois que mon cerveau a fini d’explorer tout ça, il se calme et je retrouve une vie à peu près normale. Je peux à nouveau lire, écrire, me concentrer et dormir paisiblement. Donc voilà, tout ça pour dire que je suis désolée de ne pas avoir répondu aux mails, j’ai pas mal de retard et je vais essayer de rattraper ça cette semaine.

Et puisqu’on est là, j’avais envie de commencer l’année 2021 en tapant sur un psychanalyste (on va dire qu’il s’appelle Hubert). Pourquoi ? Parce que chaque fois que j’ai une peine de cœur, je me remémore un article que j’avais lu dans ELLE il y a quelques années dans la salle d’attente de mon médecin. Cet article m’avait tellement fait bondir que je l’avais enregistré, je me disais qu’il allait finir par être utile à un moment.

Donc je vous partage l’extrait en question :

« Faire l’amour est une fin en soi, mais ne peut pas être un moyen. Dans la prostitution, les partenaires se mentent l’un à l’autre. Et le jour où l’on connaît le désir partagé, se vendre devient impossible. Si on le fait, c’est qu’on n’a pas connu l’amour ou qu’on ne peut pas le connaître (…) Mais cette rébellion est sans issue, puisqu’elles n’ont pas le choix : elles ne sont pas en capacité d’aimer »

Tout d’abord le premier truc qui m’énerve c’est cette lubie de donner la parole à un mec pas du tout concerné par la question. C’est assez récurent quand on parle de TDS, on invite des experts sensés mieux savoir que nous ce que nous vivons : psychiatres, psychologues, psychanalystes, policiers, juges, médecins, journalistes, sociologues…

Ce qui m’agace aussi c’est que le magazine ELLE est très lu (et en plus il me semble que cet extrait provenait de Paris Match qui est très lu aussi) donc ce sont des milliers de personnes qui ont lu cette bouse et qui l’ont pris comme vérité vraie. Après on s’étonne que des gens viennent nous faire la morale sur ce qu’est l’amour, forcément si ils ont vu qu’un psychanalyste le disait, alors il ne peut en être autrement. Vous voyez pourquoi je suis énervée contre ce monsieur ? (Et contre le magazine aussi)

Cet article date un peu et pour aller dans le positif, j’ai remarqué que les journalistes invitent de plus en plus de TDS à parler lorsque la question nous concerne, ce qui est plutôt cool (même si on retrouve encore malheureusement des émissions avec des psy ou des médecins).

D’après Hubert donc, si on fait ce taf on « n’est pas en capacité d’aimer ». Si c’est le cas, alors quelle est donc cette sensation étrange qui ressemble à un cœur brisé ? Une crise de foie post-fêtes ? Un trop plein de champagne ? Les premiers symptômes du Covid (oui je dis LE Covid, je refuse de dire LA, on pourra en débattre lors de notre rencontre si vous le souhaitez) ?

Et quand je rencontre une personne qui me plait, d’où viennent ces papillons dans le ventre, ce cœur qui bat la chamade, cette incapacité à aligner 3 mots en sa présence…? Serait-ce un début d’AVC ? Un virus mystérieux venu du dégel du permafrost ?

J’ai souvent eu envie d’aller le voir pour lui demander son diagnostic, il faudrait à un moment que je sache quel mal me ronge ! En retour je lui conseillerais d’arrêter la psychanalyse et d’aller élever des chèvres, c’est super sympa les chèvres et un peu d’air frais ne lui fera pas de mal.

Ce que je n’arrive pas à comprendre en réalité dans son raisonnement c’est comment peut-il décider de ce qu’est l’amour et comment il se manifeste ? Qui est-il pour décréter que tous les êtres humains fonctionnent de la même manière face à ce sentiment ?

Cela m’a toujours épaté les gens qui savent mieux que vous si vous êtes amoureux ou non, si vos sentiments sont véritables ou non.

Ça me rappelle une anecdote. Il y a quelques années je discutais avec une connaissance (appelons la Brenda) et j’exprimais mon souhait de ne pas me marier ni avoir des enfants. Brenda m’a aussitôt rétorqué que c’était parce que je n’étais pas vraiment amoureuse de mon copain de l’époque, que ce n’était pas le véritable amour, que le jour où je trouverais « le bon » alors je le saurais car j’aurais envie de me marier et de faire des enfants. Elle savait mieux que moi car elle, elle avait eu le coup de foudre, elle SAVAIT qu’elle allait passer le reste de sa vie avec cet homme rencontré au boulot. Vu qu’elle savait que c’était l’homme de sa vie, cela coulait de source de se marier et de faire des enfants. J’avais beau dire que j’étais amoureuse, bien avec cette personne, que cela ne changeait rien et que tout le monde était différent, Brenda n’en démordait pas : je ne savais simplement pas ce qu’était réellement l’amour. Si je n’envisageais pas le mariage et les enfants alors ce n’était pas l’homme de ma vie. 2 ans plus tard, le mari de Brenda a demandé le divorce, il n’était plus amoureux, ça arrive. Moi aussi j’ai fini par rompre avec mon copain. Cela n’empêche pas que mes sentiments amoureux étaient sincères.

(C’est super déprimant comme histoire de Noël. J’ai presque envie de vous dire que Brenda est partie voir sa famille en Ariège pour les fêtes, qu’elle a rencontré un beau bucheron du nom de Howard qui lui a fait découvrir les joies de la forêt et du retour aux sources et qu’elle a plaqué sa vie de publicitaire à New-York pour aller couper du bois avec lui mais non. Pas de Happy End style « film de Noël » dans cette histoire)

Continuons donc avec Hubert qui nous dit :

« Et le jour où l’on connaît le désir partagé, se vendre devient impossible. Si on le fait, c’est qu’on n’a pas connu l’amour ou qu’on ne peut pas le connaître (…) Mais cette rébellion est sans issue, puisqu’elles n’ont pas le choix : elles ne sont pas en capacité d’aimer »

Bon alors là je pourrais résumer ma réponse par un « Chut Hubert, va jouer au Scrabble loin dans une forêt » mais ce ne serait pas vraiment gentil ni très constructif.

Premièrement on ne se « vend » pas, on vend un service comme plein d’autres travailleurs. Ce n’est pas parce qu’il y a sexualité que notre corps se met soudainement à appartenir à la personne qui paie (je ne parle évidemment pas ici des personnes contraintes par un tiers). Après on peut débattre car certaines personnes considèrent qu’elles se vendent dans leur travail quel qu’il soit, mais le terme « se vendre » est bien trop souvent accolé à mon métier (le pire étant l’expression « vendre son corps » qui n’a vraiment aucun sens : on repart avec notre corps à la fin de la rencontre en général !)

De plus, il n’est absolument pas dans nos lits pour décider si il y a désir ou non dans les relations tarifées. Parfois il y en a, parfois non, ça dépend de tellement de choses. Puis parlons franchement, dans les relations non tarifées il peut y avoir un désir réciproque mais le nombre de copines qui se retrouvent frustrées car leurs partenaires n’ont pensé qu’à eux et les laissent sur leur faim. C’est quoi ça du coup ? Apparemment dans son monde tout le monde est tout le temps à égalité au lit ça a l’air merveilleux.

Chacun est différent face à l’amour et au sexe. Certaines personnes ne peuvent séparer les deux, d’autres arrivent à le faire et dans un cas comme dans l’autre, tant que c’est en accord avec nos valeurs, je ne vois pas vraiment le problème.

Je me suis dit que j’allais faire court, que ça allait me prendre une petite journée pour écrire ce texte mais 1)mon cerveau n’a pas encore tout récupéré (d’ailleurs si il y a des fautes ou que cet article n’est pas clair je m’en excuse, je lutte pour retrouver un cerveau à 100% opérationnel mais ça met du temps) et 2)j’ai eu la mauvaise idée de chercher Hubert sur internet. Du coup je suis actuellement en train de boire mon thé en lisant les avis de ses patients (c’est pas terrible, il serait hautain apparemment, sans blague ?!) et ses différentes interviews (ce monsieur aime donner son avis sur tout, selon mon analyse personnelle je dirais qu’il a souffert d’une carence affective paternelle dans l’enfance et qu’il tente de prouver à son père qu’il méritait son attention car il est très intelligent)

Bref donc on reprend. Ce n’est pas parce que nous sommes capables de vendre des services sexuels/affectifs que nous sommes incapables d’aimer. Ça c’est les conneries vues et revues dans les films et compagnie, vous savez le fameux syndrome Richard Gere : le chevalier qui débarque, on découvre ce qu’est « l’amour véritable » et on jette nos porte-jarretelles pour aller vivre de passion et d’eau fraiche dans une villa à Hollywood (ou dans les bois en Ariège, ça dépend). Le fait de faire cette activité n’empêche aucunement de tomber amoureuse (heureusement !). Certaines collègues, quand elles se mettent en couple, ne veulent plus exercer alors que d’autres arrivent très bien à jongler entre leur vie amoureuse et leur activité. Personne n’a le droit de juger ou de dénigrer nos histoires d’amour. Point.

Je voulais juste râler un peu sur Hubert et puis je suis partie très loin. Il faudra un jour que je le rencontre (selon les avis sur internet ça n’a pas l’air terrible mais je prends le risque) pour lui poser toutes ces questions.

Je vais finir en vous souhaitant une très belle année 2021. J’espère de tout cœur qu’elle sera un peu plus calme que 2020 (c’est mal parti mais gardons espoir !). J’ai des projets qui patientent depuis bientôt un an et je suppose que vous aussi vous en avez marre d’être dans ce flou artistique, dans cette incertitude, que vous avez envie de bouger, de vivre, simplement.

J’ai reçu beaucoup beaucoup de mails, merci ça m’a fait chaud au cœur. Malheureusement mon planning n’est pas extensible, j’ai pas mal de trucs prévus pour janvier donc il va forcément y avoir des déçus, désolée !

Je vous embrasse

PS : si quelqu’un connaît une personne à Météo France je veux bien le contact. Ils avaient prévu de la neige pour aujourd’hui (dimanche), je me suis réveillée tôt spécialement pour ça et y’a rien à part un grand ciel bleu. Je désire être remboursée !

PS 2 : non c’est bon j’ai eu de la neige lundi ! Bon pas de quoi aller faire une bataille de boules de neige mais quel plaisir de regarder tomber les flocons en buvant mon thé !